- 17 June 2025
- Updated 22h13

Valentin-Yves Mudimbe Yoka : la voix critique de l’Afrique s’est tue
Le philosophe, écrivain et professeur congolais Valentin-Yves Mudimbe Yoka est décédé ce mardi matin aux États-Unis, à l’âge de 83 ans. La nouvelle a été confirmée par ses proches. L’intellectuel s’est éteint en Caroline du Nord, mettant un terme à une carrière intellectuelle de plus de cinquante ans, marquée par une œuvre majeure sur les représentations de l’Afrique.
Une figure de la critique postcoloniale
Né le 8 décembre 1941 à Jadotville (actuelle Likasi), dans l’ex-Congo belge, Mudimbe a construit une trajectoire académique remarquable. Après une licence en philosophie à l’université de Lovanium (1966), il poursuit ses études à Paris, puis à l’université catholique de Louvain, où il obtient un doctorat en 1970. Il enseigne par la suite à Lovanium, à Lubumbashi, mais aussi dans plusieurs institutions universitaires prestigieuses à travers le monde, dont aux États-Unis.
Mudimbe est surtout connu pour son apport décisif aux études africaines. Son ouvrage le plus célèbre, The Invention of Africa ,1988, est devenu un classique de la critique postcoloniale. Dans ce livre, il introduit le concept de “bibliothèque coloniale”, désignant l’ensemble des savoirs produits par l’Occident pour définir l’Afrique à travers ses propres filtres culturels, scientifiques et idéologiques.

Une œuvre dense, entre fiction et philosophie
Outre ses travaux théoriques, Valentin-Yves Mudimbe a publié de nombreux romans, poèmes et essais, mêlant spiritualité, politique et esthétique. Parmi ses ouvrages notables figurent Entre les eaux, Le Bel Immonde, Shaba deux, L’Écart, Déchirures, Humanisme et négritude ou encore Orphée-Noir.

En 1973, son roman Entre les eaux. Dieu, un prêtre, la révolution reçoit le Grand prix catholique de littérature, consacrant un auteur à la plume exigeante et engagée, toujours en quête de sens et de vérité.
Héritage d’un penseur libre
Tout au long de sa vie, Mudimbe a défendu une pensée libre, parfois en marge des écoles classiques. Il plaidait pour une indiscipline intellectuelle, refusant les cadres figés pour mieux faire émerger un savoir africain autonome, enraciné dans les traditions du continent, mais aussi ouvert à la complexité du monde.
Son décès laisse un vide immense dans le paysage intellectuel africain et mondial. Mais son œuvre, traduite dans plusieurs langues, reste une référence incontournable pour quiconque s’interroge sur l’identité, l’histoire et les représentations de l’Afrique.
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